Le fleuve, de l’énergie à revendre !

Le 22 mai dernier, à Strasbourg, les Assises du Fleuve ont réuni de nombreux acteurs publics et privés autour d’un constat partagé : les voies navigables doivent jouer un rôle central dans la transition énergétique des mobilités. À l’invitation des organisateurs Entreprises Fluviales de France (E2F) et Ilago, l’AFBE (Association Française pour le Bateau Électrique) a pris la parole dans le cadre de la Keynote Économie consacrée à l’énergie, pour défendre une vision ambitieuse mais réaliste : celle d’une navigation fluviale propulsée par l’électricité.

La propulsion électrique : une évidence énergétique

L’électrification des mobilités ne concerne pas uniquement les voitures. Les rendements énergétiques parlent d’eux-mêmes : avec un rendement supérieur à 80 %, la propulsion électrique à batterie s’impose comme la solution la plus performante pour les navires, loin devant les alternatives telles que l’hydrogène (20 à 25 % de rendement) ou les e-fuels (environ 15 à 20 %).

Cette performance énergétique se traduit concrètement par une moindre consommation d’énergie primaire, une meilleure efficacité dans les usages, et une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre lorsque l’électricité est issue de sources décarbonées (comme c’est le cas en France). Bref, un levier immédiat pour répondre à l’urgence climatique.

Un terrain favorable : le fleuve et ses spécificités

Bien sûr, la propulsion électrique présente aussi des contraintes, au premier rang desquelles l’autonomie limitée des batteries. Mais sur le réseau fluvial, les conditions d’exploitation sont particulièrement adaptées à cette technologie. La navigation sur des distances prévisibles, avec des escales régulières, permet d’envisager deux solutions complémentaires :

  • le déploiement de bornes de recharge rapide à quai ;
  • la mise en place de systèmes de swapping de batteries, permettant un échange rapide des modules en escale.

Ce cadre technique peut permettre une transition efficace, à condition de surmonter un obstacle de taille : l’investissement dans les infrastructures.

Un effort collectif nécessaire

Comme pour l’automobile et le transport routier, la réussite de l’électrification fluviale repose sur la mise en place d’un réseau d’infrastructures cohérent et dimensionné. Cela suppose :

  • des bornes de recharge adaptées aux contraintes du fluvial (puissances, interfaces navire-quai, sécurité) ;
  • des solutions industrielles de swapping robustes ;
  • et surtout, une coordination des acteurs publics (collectivités, Voies Navigables de France, ports) et privés (armateurs, exploitants, industriels de la filière).

Les investissements seront conséquents, mais leur retour environnemental et économique est largement justifié. Il en va non seulement de la décarbonation du transport fluvial, mais aussi de la valorisation de notre réseau de voies navigables, aujourd’hui largement sous-exploité.

Une opportunité stratégique

Dans un contexte où la France cherche à accélérer sa transition énergétique, à renforcer sa souveraineté industrielle et à revitaliser ses territoires, le fluvial constitue une opportunité stratégique. Il est temps de changer de regard sur ces infrastructures millénaires pour en faire les vecteurs modernes d’une mobilité propre, silencieuse et efficace.

L’AFBE continuera de porter cette vision auprès des décideurs et des opérateurs, convaincue que l’avenir de la navigation passe, aussi, par la fée électricité.

👉 Retrouver l’intervention de Christophe Brusset, Secrétaire Général de l’AFBE aux Assises nationales du Fleuve 2025.

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Christophe Brusset
Consultant en Mobilité Durable
brusset-conseil.fr/

J’accompagne vos projets innovants de transition énergétique et de mobilité durable avec méthode et conviction, pour des résultats concrets et durables.