Les progrès technologiques de l’information et de la communication offrent de nombreuses perspectives de développement durable de la mobilité. Les nouveaux services de le MaaS* permettent en effet de compléter les maillons qui faisaient tant défaut aux transports publics jusqu’ici, en opérant principalement aux marges spatio-temporaires des réseaux :
- cela concerne notamment la mobilité des derniers kilomètres qui représente un vrai défi pour les exploitants : ce maillon est essentiel pour permettre le rabattement sur les lignes structurantes du réseau,
- mais également une offre alternative sur des horaires étendus, en heure creuse ou en soirée, comme l’a fait récemment Nice en proposant du VTC pour prolonger le service de ligne de bus après les dernières courses du soir…
Ces apports nouveaux au système de mobilité qu’est le MaaS apparaissent incontestablement comme de grands atouts pour les autorités organisatrices : en effet, ces nouveaux modes permettent la plupart du temps de lutter contre l’auto-solisme en favorisant l’usage des transports collectifs ou permettent d’apporter des solutions de mobilité moins impactantes pour l’environnement.
Pourtant, ces services, dont l’émergence est souvent le fruit d’initiatives largement favorisées par un contexte économique libéral, souffrent paradoxalement d’un manque de régulation. On peut relever notamment deux principales difficultés qui freinent le développement de ces entreprises :
- Une difficulté commerciale à partager de manière objective les informations d’exploitation (horaires, disponibilité, capacités, …) pourtant capitales pour permettre de comparer les différentes offres et ainsi optimiser le système de mobilité par la proposition de modes alternatifs intéressants pour le voyageur.
- Une difficulté pratique à proposer un mode unique d’inscription, d’abonnement et de paiement : l’arrivée de tous ces nouveaux acteurs multiplie d’autant pour les clients la nécessité de souscrire à des inscriptions et des abonnements différents ; cette difficulté s’avère incontestablement un frein pour le client à se lancer dans ces nouveaux modes.
La puissance publique doit saisir cette opportunité de besoin de coordination pour assurer son rôle de régulation à l’adresse des acteurs de mobilité et d’incitation à la mobilité durable à l’adresse des voyageurs.
Pour encourager ces nouveaux services, les AOMs (Autorités Organisatrices de la Mobilité) doivent s’engager dans l’élaboration d’un nouvel outil qui viendrait fédérer ces initiatives privées au service du bien commun, sur les deux axes identifiés plus haut :
- Le partage des données d’exploitation, pour une meilleure lecture de l’offre (économique et écologique) pour le voyageur : quels modes utiliser pour quel itinéraire ? Quelle durée, quel coût, quel impact écologique ?… Ces informations pourraient être traités via des conventions par les sociétés de services qui maîtrisent déjà les calculs d’itinéraires multimodaux ; ces données pourraient être enrichies d’informations nouvelles, comme l’impact carbone par exemple.
- Ce partage de données, si précieuses pour les entreprises, serait incité par les AOMs grâce à la mise en place d’un système de paiement partagé : l’ensemble des entreprises qui acceptent de fournir ces informations se verraient avoir accès à la très large base « clients » des AOMs.
Ce deuxième axe majeur permettrait en outre aux AOMs de participer au financement de la mobilité par une subvention de l’itinéraire allant le plus dans le sens du bien commun, qui tiendrait compte :
- du meilleur compromis « temps » x « coût » x « impact environnemental » choisi par le voyageur
- du profil social du client (chômeur, étudiant, senior, famille nombreuse, etc…).
Cet outil est à inventer. Mais il permettrait incontestablement de renforcer l’offre de mobilité durable, en encadrant l’environnement économique des nouveaux acteurs émergents.
____________
* : On appelle couramment MaaS l’ensemble des nouveaux services de mobilité qui se basent essentiellement sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication ; ce terme a été employé en référence au même mouvement du SaaS (Software as a Service) qui engage à s’affranchir de la « propriété » de l’outils pour mieux profiter du service rendu.